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L’importance de l’interopérabilité dans les communications militaires

21 septembre 2022 11 minutes
Interopérabilité
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La technologie continue d’améliorer considérablement les capacités des forces militaires dans le monde entier. Si les systèmes d’armement dont les derniers drones ou avions de combat reçoivent une grande part de l’attention des médias, aucune armée ne peut fonctionner sans la capacité de communiquer. Les militaires tirent de nombreux avantages des appareils de communication, mais cet équipement n’est pas sans poser de problèmes.

L’un des problèmes les plus importants auxquels les militaires sont confrontés porte essentiellement sur l’interopérabilité. Or, les appareils de communication peuvent varier considérablement d’une force militaire à l’autre, et ce, même au sein d’un seul pays. Lorsque des opérations conjointes ont lieu, notamment avec des forces multinationales, la diversité des appareils est susceptible d’accroître les concurrences de manière exponentielle.

L’avenir de la guerre s’inscrit dans l’environnement opérationnel interarmées (Joint Operating EnvironmentJOE). Il est rare qu’un conflit armé ait lieu uniquement entre deux forces opposées. Dans la plupart des cas, de nombreuses entités y prennent part, dont les gouvernements, les forces armées, les entités de sécurité publique et des groupes de militants.

La guerre actuelle en Ukraine en est un exemple éloquent. Si, en apparence, on peut dire que la guerre oppose la Russie et l’Ukraine, la communauté internationale est clairement partie prenante du conflit. Ainsi, le l’environnement opérationnel interarmées est le nerf de la guerre; il peut d’ailleurs rendre les communications beaucoup plus compliquées.

Par conséquent, l’élaboration des meilleures pratiques en matière d’interopérabilité et l’adoption de l’équipement qui soutient ces pratiques seront essentielles pour relever ces enjeux de communication. De ce fait, examinons l’importance de l’interopérabilité dans le cadre du JOE et le meilleur moyen d’aborder d’aborder le problème.

Qu’est-ce que l’interopérabilité?

À la base, l’interopérabilité consiste à faciliter la collaboration la plus efficace possible de différents groupes. Par ailleurs, les forces conjointes rassemblent une masse considérable d’expériences et de ressources. Ce bassin riche de talents et de dispositifs fait en sorte d’accroître les chances d’atteindre les objectifs tactiques, opérationnels et stratégiques.

L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) propose une définition plus précise sur le plan militaire : selon l’OTAN, grâce à l’interopérabilité, les forces, les unités ou les systèmes peuvent opérer et communiquer ensemble tout en partageant une doctrine et des procédures communes et en échangeant leurs propres infrastructures et bases. L’interopérabilité réduit les doubles emplois, facilite la mise en commun des ressources et génère des synergies parmi l’ensemble des alliés et, dans la mesure du possible, avec les pays partenaires.

Les avantages de l’interopérabilité

Une étude récente de la société RAND souligne les nombreux avantages de l’interopérabilité au sein des forces multinationales. La liste comprend notamment :

  • Faciliter l’accès aux lieux et aux populations
  • Accroître la légitimité des opérations
  • Respecter les obligations des traités
  • Augmenter la sécurité opérationnelle (réduire les fratricides et les dommages collatéraux)

L’accroissement des capacités, la réduction des coûts et l’amélioration de l’efficacité sont peut-être trois parmi les avantages les plus importants.

Or, la combinaison des talents et des appareils des forces multinationales est l’un des plus grands avantages de l’interopérabilité. En ce qui concerne les communications, l’interopérabilité facilite le transfert des données, les transmissions de voix à voix et l’application des processus standard, qui contribuent à désamorcer les conflits et à harmoniser les organismes de défense.

À l’aide des communications appropriées, les dirigeants peuvent déplacer les unités et les systèmes d’armement là où ils sont les plus nécessaires. Les forces multinationales contribuent à assurer diverses capacités d’armement, qui, combinées, accroissent la puissance de feu, la létalité et la portée. Aussi longtemps que ces différentes unités militaires puissent communiquer, elles sont beaucoup plus efficaces lorsqu’elles sont combinées qu’elles ne pourraient l’être seules.

La guerre est une entreprise coûteuse. Le conflit actuel en Ukraine a entraîné au peuple ukrainien des pertes estimées à 600 milliards de dollars depuis le début, et la reconstruction coûtera d’autant plus cher lorsque les combats seront terminés. La Russie dépense la somme étonnante de 900 millions de dollars par jour pour poursuivre ses assauts contre le peuple ukrainien.

L’Ukraine ne dispose pas des ressources nécessaires pour se défendre contre la Russie, mais elle peut continuer à se battre avec un soutien multinational. Grâce à l’interopérabilité, l’Ukraine peut notamment transmettre ses besoins à la communauté internationale et obtenir un soutien susceptible de réduire le coût de la guerre pour la nation.

L’amélioration de l’efficacité est un avantage direct de l’interopérabilité. Lorsque les unités du JOE peuvent communiquer entre elles, elles fonctionnent à des niveaux optimaux. Les données sont partagées plus facilement, les besoins critiques sont portés à l’attention des dirigeants plus rapidement et les décisions peuvent être prises en temps réel, ce qui procure un avantage opérationnel sur les adversaires.

Les enjeux de l’interopérabilité

Comme nous l’avons mentionné précédemment, le matériel de communication peut présenter des enjeux pour les forces au sein du JOE. L’incompatibilité des dispositifs, les différences de procédures et les complexités liées au partage des renseignements figurent parmi les plus courants.

L’un des problèmes les plus courants est l’incompatibilité des technologies de communication. Admettons qu’une opération faisant intervenir des forces multinationales doit prendre place. On pourrait envisager le déploiement d’efforts comme ceux des forces alliées pendant la Seconde Guerre mondiale ou des forces de coalition lors des récents conflits en Irak et en Afghanistan. Les opérations à grande échelle pourraient comprendre le déploiement de troupes des États-Unis, du Royaume-Uni ou du Canada.

Et si les États-Unis n’utilisaient que des SATCOM, le Royaume-Uni que des radios VHF et les forces canadiennes que des dispositifs à HF? Cette situation peut sembler paradoxale, mais elle arrive plus souvent qu’on ne l’imagine. Ce fait est particulièrement vrai sur le plan tactique, où les petites unités opèrent. L’incompatibilité des appareils peut représenter un obstacle plutôt qu’un avantage en ce qui concerne l’appartenance à une force multinationale.

Chaque force militaire dispose de sa propre doctrine et de ses propres procédures. Bien que les points de vue semblent assez uniformes au sein des organisations de grande taille, comme l’OTAN, chaque armée conserve ses méthodes de fonctionnement. Il en va de même dans l’univers des communications.

Tout ce qui concerne la transmission d’un message radio, le format d’appel aux tirs d’artillerie et le moyen de diffusion des renseignements cryptés peut varier considérablement d’une nation à l’autre. Ces différences de procédures dans les communications sont difficiles à régler ou à modifier, car les militaires s’entraînent intensivement à maîtriser ces procédures opérationnelles standard.

Chaque nation souhaite protéger ses technologies les plus sensibles. Les pays les plus puissants ont accès à des plateformes comme des satellites et des méthodes de communication cryptées. En partageant ces renseignements, ces derniers risquent de tombent entre de mauvaises mains ou la nature sensible de la collecte des données risque d’être exposée. Il peut s’avérer difficile d’établir des pratiques standard avec lesquelles chaque nation puisse communiquer sans compromettre les renseignements. Cette difficulté peut être la source de nombreuses tensions entre certaines forces armées qui devraient être alliées.

Tout n’est pas perdu, cependant. Il existe des solutions techniques et des meilleures pratiques pour résoudre ces difficultés.

Conseils pour réussir l’interopérabilité

La fluidité du fonctionnement entre les moyens de communication est l’élément incontournable de l’interopérabilité. Dans un monde idéal, toutes les personnes travaillant ensemble utiliseraient le même équipement. Malheureusement, ce ne sera certainement jamais le cas. Chaque pays achètera le matériel qu’il croit être le mieux conçu pour répondre à ses besoins techniques, tactiques et politiques.

Dans la mesure du possible, les forces au sein du JOE doivent s’efforcer d’utiliser des dispositifs de communication compatibles. Autrement, il existe fort heureusement des solutions de rechange. Le matériel de communication a évolué au point d’inclure des systèmes robustes en mesure de faciliter l’interopérabilité de la voix, des données et de la radio pour une utilisation dans des conditions ardues.

Ces systèmes peuvent établir la communication entre divers dispositifs, comme des appareils SATCOM, VHF et HF de même que des téléphones mobiles, tout en maintenant les niveaux de sécurité souhaités. Même au sein du JOE, les commandants peuvent conserver le commandement et la maîtrise de leurs opérations tout en coordonnant ces dernières avec les partenaires de la mission pendant les opérations et les exercices. On peut ainsi assurer l’interopérabilité en utilisant ces systèmes de passerelles, et ce, même si chaque force militaire utilise des radios différentes.

Comme le dit l’adage, l’entraînement assure la constance. Or, le champ de bataille n’est pas l’endroit idéal pour mettre sur pied les communications entre les forces multinationales. Les formations et exercices conjoints sont idéaux pour établir les techniques et procédures d’interopérabilité.

Les jeux de guerre, comme on les appelle parfois, peuvent favoriser la réflexion tactique. Les jeux de décision tactique ne se limitent pas uniquement aux forces dites d’avant-garde. Comme l’a dit un jour le général Patton, « Messieurs, l’officier qui ne connaît pas ses communications et son approvisionnement aussi bien que sa tactique est totalement inutile ».

Les exercices conjoints constituent un excellent forum pour bien connaître les capacités de communication d’une force alliée et déceler les éléments de concurrence potentiels. L’interopérabilité est atteinte après la mise en place de procédures visant à atténuer les sources d’incompatibilité.

Les conflits actuels et les combats futurs évolueront de plus en plus vers le JOE. Si les forces multinationales souhaitent bénéficier d’une collaboration axée sur des objectifs communs, elles doivent d’abord relever les défis liés aux opérations conjointes. Or, les communications peuvent représenter l’un des aspects les plus problématiques des opérations conjointes; toutefois, cela n’a pas lieu d’être pour autant. L’interopérabilité est possible en se dotant de l’équipement approprié, d’un entraînement efficace et d’un esprit de coopération.

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Auteur
David Daly

David Daly est un photographe/écrivain primé et un pilote de sUAS commercial agréé par la FAA. Diplômé de l'Académie navale des États-Unis, David est un ancien officier du Corps des Marines avec un baccalauréat en sciences en Océanographie et a obtenu son MBA de l'Université de Redlands. Il est le PDG de Vigilante Drones et le directeur des opérations (COO) de Altitude University.

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